Mon premier spasme est né de ta mise en scène. Cette scène a suffi à me convaincre que l’amour se provoque. Que la provocation est désir, ou peut-être le tourment même de mon propre désir. Parce que la provocation est un terrain de jeu qui me connaît fort bien... Alors, moi, je joue. Et depuis, je joue à la Bardot. Jouer ton nom, c’est avant tout jouer une comédie qui me régale, parce qu’elle me ressemble.
Jouer ton nom, c’est s’affranchir des codes moraux, envers et contre tout. Jouer ton nom, c’est laisser affluer une sensualité jusqu’à troubler, au point même de déranger. Jouer ton nom, c’est confronter sa liberté et assumer ce qu’elle engage. Jouer ton nom, c’est consentir au scandale par fidélité à soi. Jouer ton nom, c’est surtout jouir d’être une femme, pleinement, sans retenue et sans excuse. Enfin, jouer ton nom dépasse toute vulgaire représentation : c’est l’acte libre de s’affirmer dans ses désirs.
Et s’il reste quelque chose de cette scène, de ce nom, de ce corps en mouvement, c’est peut-être cela : la certitude qu’une femme n’a pas à se protéger d’elle-même. Qu’elle peut jouer, provoquer, aimer, sans jamais renoncer à sa souveraineté.
L’art sensuel de la provocation à la française, autrement dit faire une Bardot, devrait, à mon sens, être une expression française déposée. Je m’approprierais fièrement cette expression que je viens d’inventer. Faire une Bardot, ce serait l’idée insolente de refuser la docilité attendue, de choisir le trouble plutôt que la conformité, et de préférer le désir vivant aux règles figées.
Ce serait la volonté d’affirmer élégamment sa présence au monde par le corps, par l’allure, par l’audace, sans jamais se trahir, ni même se contenir. Faire une bardot n'est pas acte d'imitation mais un état d'esprit espiègle qui ne demande qu'à agir et penser fièrement. Faire une Bardot serait aussi l’idée d’instaurer un jeu de séduction subtil, dans lequel une pincée de jalousie et un zeste de possession s’entrelaceraient harmonieusement. "Mais vous, le voulez-vous ?"
Merci, B.B., d’avoir été cette icône belle et indocile qui m’inspire tant, celle en qui je reconnais la force, et d’avoir ouvert la voie à toute une génération de femmes libres d’être qui elles sont.
Ce que femme veut, Dieu le veut. Et c’est ainsi que Dieu créa la femme.